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Première croisade

Selon un récit du moine Raoul Glaber sur la période de l’an 900 à 1044, tous les pèlerins d’Italie et des Gaules qui voulaient visiter le Saint Sépulcre, renoncèrent à s’y rendre par mer, comme ils avaient coutume de le faire auparavant, et passèrent par les États d’Etienne. Ce prince rendit bientôt la route très sûre. Aussi, des nobles et des hommes du peuple se décidèrent en foule à entreprendre le pèlerinage de Jérusalem.

En cette fin de XIe siècle, la guerre en défense de la foi chrétienne n’est pas encore qualifiée du mot « croisade », prendre la croix, qui apparaîtra plus tard.

Lors du Concile de Plaisance en mars 1095, Urbain avait reçu l’ambassade d’Alexis Ier Conmène, empereur de Constantinople, qui demandait l’appui de mercenaires latins pour résister aux incursions des turcomans.

On trouve dans « l’Histoire des croisades » par Foulcher de Chartres, ouvrage écrit vers 1124, les mots mêmes que ce chroniqueur contemporain de l’appel à la première croisade impute au pape Urbain en novembre 1095 : « Il est urgent, en effet, que vous vous hâtiez de marcher au secours de vos frères qui habitent en Orient, et ont grand besoin de l’aide que vous leur avez, tant de fois déjà, promise hautement. Les turcs et les arabes se sont précipités sur eux, ainsi que plusieurs d’entre vous l’ont certainement entendu raconter, et ont envahi les frontières de la Romanie, jusqu’à cet endroit de la mer Méditerranée qu’on appelle le Bras Saint Georges, étendant de plus en plus leurs conquêtes sur les terres des chrétiens, sept fois déjà ils ont vaincus ceux-ci dans des batailles, et on pris ou tué grand nombre, ont renversé de fond en comble les églises, et ravagé tout le pays soumis à la domination chrétienne. Que si vous souffrez qu’ils commettent quelques temps encore et impunément de pareils excès, ils porteront leurs ravages plus loin, et écraseront une foule de fidèles serviteurs de Dieu. C’est pourquoi je vous averti et vous conjure, non en mon nom, mais au nom du Seigneur, vous les hérauts du Christ, d’engager par de fréquentes proclamations les Francs de tout rang, gens de pied et chevaliers, pauvres et riches, à s’empresser de secourir les adorateurs du Christ, pensant qu’il est encore temps, et de chasser loin des régions soumises à notre foi la race impie des dévastateurs. Cela je le dis à ceux de vous qui sont présents ici, je vais le mander aux absents ; mais c’est le Christ qui l’ordonne. Quant à ceux qui partiront pour cette guerre sainte, s’ils perdent la vie, soit pendant la route sur terre, soit en traversant les mers, soit en combattant les idolâtres , tous leurs péchés leur seront remis à l’heure même. Cette faveur si précieuse, je la leur accorde en vertu de l’autorité dont je suis investi par Dieu même ».
Même si Urbain II utilise la litote « chasser loin des régions soumises à notre foi la race impie des dévastateurs », la violence de ces mots qui heurtent nos modernes consciences doit être replacée dans le contexte anthropologique médiéval.
Ce prêche sera le point de départ de la première croisade, qui verra tomber Jérusalem aux mains des chrétiens, et établira un Royaume chrétien d’orient, de 1099 à 1291.