La théologie clunisienne depuis Odilon (994-1049) concilie la position inférieure de la femme avec son rôle médiateur de la foi, autour des trois personnages de Marie Madeleine, Hélène mère de Constantin Ier et la Vierge Marie. La femme est donc à la foi pécheresse repentie, impératrice pénitente, génitrice salvatrice.
Le personnage historique de Jutta von Sponheim est née en 1091, ce qui lui fait 4 ans au temps de Cité Céleste. Par un petit caprice historique de l’auteur, elle est vieillie de 15 années pour la commodité de la fiction, afin que sa place dans le récit lui permette de devenir l’enseignante de Hildegarde de Bingen, ce dont l’Histoire atteste. Elle initia effectivement Hildegarde (1098 – 1179) à la musique, la médecine, l’herboristerie. Hildegarde lui succéda en 1136 comme abbesse de Mons Sancti Disibodi. Hildegarde reçu des visions religieuses dès son enfance. Éduquée, intelligente, prudente écrivaine et visionnaire, elle sera certes isolée dans son siècle mais soutenue par Bernard de Clervaux et le pape. On oublie trop que c’est par son mysticisme qu’elle rayonna. Sa grande renommée actuelle, plus en Allemagne qu’en France d’ailleurs, ne retient que sa musique et son savoir en phytothérapie, qu’elle considérait pourtant elle-même comme mineurs.